Souleymane Bachir Diaw

Photographe sénégalais né en 1995,
vit entre Dakar (Sénégal) et Paris (France)
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C’est lors de ses études d’ingénieur que Souleymane Bachir débute une pratique photographique autodidacte. De la photographie de rue, il évolue vers la pratique du portrait puis vers une photographie mettant en scène les corps et les espaces.
Réalisés en solo ou en collectifs, en commande ou pour ses recherches personnelles, ses projets interrogent les notions de représentativité et de révélation à priori attribuées à la photographie.

MP#02 va accompagner le développement de sa série «The Sutura we taking back ». «Sutura» est un mot
wolof qui fait référence à un principe moral régissant les interactions sociales et recommande la discrétion ou encore la préservation de l’intimité d’autrui. Jouant de ce qui est montré ou au contraire caché dans le portrait photographique, Souleymane Bachir souhaite questionner le «sutura» et aller au-delà de cette approche stéréotypée de la préservation des apparences.

Souleymane Bachir Diaw questionne avec sa série Sutura, la voix silencieuse des hommes les injonctions véhiculées par sa langue natale et son éducation au Sénégal. Il tente à la fois de les dire, de les déconstruire et de les subvertir, par le corps et le vêtement. Le studio photographique devient un laboratoire d’expériences d’hybridation entre tradition et modernité, vers des masculinités et spiritualités nouvelles.

« Le masculin m’est toujours apparu comme une contradiction, un entre-deux impossible entre une façade rigide et un cœur flou, expressif peut-être mais qui semble peu accessible. Entre « homme »  et  « fort » , il y a (très souvent) une relation d’ équivalence, presque tautologique.
Le mot wolof sutura renvoie à  une vertu de discrétion, impliquant de « sauver les apparences ». Elle s’applique  à tous. Le vêtement semble révéler cette ambivalence de la masculinité. Là où j’ai grandi et ailleurs, il est un moyen privilégié  de s’annoncer et de se représenter. Cependant, j’ai le sentiment que le vêtement masculin n’a pas vocation à  raconter les nuances de sa vie (sensible). Je les recrée donc en mettant en scène hommes et femmes, objets et vêtements. 
Leur versatilité est l’étoffe de mon travail. En oubliant de rappeler la force et la virilité, le vêtement prend de plus en plus de place. Il finit par se personnifier, par exprimer des sentiments. »