« Ton bleu qui prend au vert » de Salomé Fauc
au Champ des Impossibles, église de Courcerault

Née en 1993, diplômée des Beaux-arts de Lyon, Salomé Fauc cultive plusieurs passions : les arts décoratifs, l’architecture, l’histoire de l’art et le végétal sous toutes ses formes. Dans le travail de cette jeune artiste, le motif végétal passe du rang de décor à celui de sujet principal, dans une démarche volontairement à contre-courant de l’enseignement qu’elle reçu.  « Aux Beaux-Arts, on vous ordonne « d’oublier le beau »… ».
Avec Salomé, le motif floral ou végétal devient une sorte de marqueur féministe et, déployé en très grand format, il sort du cadre de la toile pour conquérir les murs, les sols et les fenêtres. Au-delà de l’échelle, la temporalité, la luxuriance et l’implication du corps sont d’autres éléments centraux de sa démarche artistique. Mêlant la technique d’un dessin «all over» et l’installation-performance, son objectif est l’immersion, à la fois pour l’artiste et le visiteur :
« J’aime le fourmillement de détails, l’explosion de motifs, l’envahissement, le foisonnement. Les trois pièces conçues lors de ma résidence au Champ des Impossibles en mars 2022 ont été réalisées sur des morceaux de papier polyester (une sorte de papier calque) que j’assemble pour aboutir à un grand format. L’idée est de les présenter debout, accrochées par en-haut, à la manière de vitraux. Le dessin est tracé au feutre, sur le sol, puis je remplis avec de l’encre de Chine, toujours en monochrome, même si le fond est coloré dans un bleu-vert rappelant le vitrail. L’Église Saint-Pierre de Courcerault qui héberge mon travail se prête particulièrement bien à l’exercice : remplie de peintures et fresques réalisées par le curé de la paroisse à la fin du XIXe siècle, elle contient également de magnifiques vitraux. »
Si Salomé Fauc travaille principalement à l’encre de Chine, qu’elle applique soit au feutre, soit au pinceau, elle ne rechigne pas à utiliser parfois le fusain ou la feuille d’or. Elle cherche surtout à travailler l’intensité des noirs et leur brillance engage le spectateur à tourner autour de l’œuvre pour en découvrir toute la profondeur. Le dessin se transforme en écriture, avec une puissance d’abstraction et un foisonnement qui rappelle les motifs de l’Art Nouveau.

L’artiste a travaillé un mois en résidence à Perche en Nocé pour la réalisation d’une installation de trois œuvres monumentales (dont une de très grand format : plus de 5 m de haut).  « La première semaine, je me suis surtout baladée dans la campagne autour de Nocé pour trouver des motifs et sources d’inspiration. Je suis personnellement très engagée dans l’écologie, le cœur de mon travail est centré sur le retour à la nature et bien sûr la réhabilitation du motif végétal, souvent déconsidéré, car trop commun. Le Perche se prête parfaitement à cette quête ».

Le Champ des Impossibles

A partir de son épicentre le Moulin Blanchard et la commune de Perche-en-Nocé, le Festival du Champs des Impossibles rayonne sur 70 km de vallons, pour présenter des œuvres dans des lieux d’exception.
17 sites, patrimoniaux pour la plupart, accueillent des expositions et alimentent le Perche Sud d’un souffle contemporain incluant une belle représentativité française, sans omettre la présentation d’artistes en résidence et d’autres auteur(e)s résidents sur ce territoire riche en créateurs.
Pour sa troisième édition, 26 artistes sont présentés pour la plupart à travers une exposition personnelle ou une installation.
En 2022, le fil conducteur du Festival est l’Arbre. Thème fédérateur, il traverse l’humanité, abreuve la littérature et l’histoire de l’art. Il est au centre de nos préoccupations environnementales, qu’il soit sujet, matière première, cosa mentale ou au cœur des débats citoyens, il étaye des démarches artistiques qui répondent par leur diversité à la volonté d’ouverture de la commissaire générale. Christine Ollier propose à travers cette trame un large panel d’expressions contemporaines en faisant résonner création et lieu d’exposition.